« Si tu ne trouves pas le calme, ici et maintenant, tu le trouveras où et tu le trouveras quand ? »
Dogen
Une retraite dans le silence
Une retraite silencieuse, c’est l’occasion d’approfondir un peu plus sa pratique de la méditation. Durant cette période, il y a très peu d’échanges verbaux et visuels et nous essayons de garder le niveau de distraction au minimum. Il y a une période de méditation supplémentaire par rapport aux retraites habituelles, ce qui fait environ une dizaine d’heures de pratique, plus une classe de yoga au camp Sivananda. Bien que cette retraite soit destinée aux personnes ayant déjà une expérience de la méditation, la majeure partie des personnes présentes amorçait leur démarche de méditant. C’est une façon de débuter sur les chapeaux de roues !
Il nous a fallu faire preuve d’adaptation envers les personnes présentes. Nous avons donc passé en revue les points essentiel de la pratique en utilisant trois textes.
Salle de méditation
Les enseignements
Le premier texte vient d’un enseignement de Maître Sheng-Yen qui est (d’après l’auteur qui le présente) un des grands maîtres bouddhistes chinois contemporains. Le points intéressant de son enseignement c’est qu’il décrit avec précisions les quatres marches de la pratique durant une retraite. Le titre de son enseignement s’intitule: “Évacuations“.
La première marche ou la première chose à évacuer c’est de “laisser à la porte toutes les pensées ordinaires et les habitudes.” Facile à dire, difficile à pratiquer. En règle générale, tout le monde est d’accord pour laisser derrière soi les soucis et les problèmes. Mais quand vient le temps de mettre cette règle en pratique, on est vite rattrapé par un manque de vigilance et on se laisse envahir à la première occasion. On peut même se laisser prendre par l’imprévu, comme cette participante qui à dû faire un aller-retour après la dernière méditation du vendredi soir pour aller prendre soin d’une personne proche. Causes et conditions ne sont pas toujours idéales ni réunies pour se lancer dans la méditation. Mais qu’à cela ne tienne, n’attendons pas les conditions parfaites pour pouvoir entamer sa carrière de “zéniste”.
La deuxième marche, c’est de s’engager à “évacuer les pensées qui surviennent tout au long de la retraite”. Cela ne demande pas des capacités extraordinaires mais plutôt une volonté de laisser aller ce ronronnement incessant du mental qui nous raconte son histoire de survie et de désir d’être aimé depuis la nuit des temps. Comme l’explique John Crook dans le deuxième texte que nous étudierons ensuite, c’est là la souffrance fondamentale.
La troisième marche pour aller plus loin dans l’évacuation, c’est d’oublier la technique de méditation en elle-même. Et cette troisième marche pour un débutant ne peut arriver du jour au lendemain. Le vendredi nous avons fait la comparaison comme le faisait Swami-Vishnu Devananda avec l’apprentissage de la conduite automobile. Il arrive un moment où vous conduisez automatiquement sans plus penser à votre embrayage, au rétro-viseur, à la pédale de frein et aux règles de conduite alors qu’au début, ce n’était pas si facile de tout coordonner. Et bien intégrer la posture de la méditation demande un peu de temps. Avec l’assiduité, la posture finit par se pratiquer, comme le dit Deshimaru, “inconsciemment, naturellement, automatiquement”.
Enfin la quatrième marche (et non la dernière car Maître Sheng-Yen évoque une méthode pour aller au-delà), c’est d’oublier l’environnement. “Bien que vos oreilles ne soient pas bouchées, vous n’entendez rien”. Maître Sheng-Yen nous indique que pour la plupart d’entre nous cela reste d’une grande difficulté. Cependant les transformations majeures qui vous attendent en chemin se produisent dès le début car il est souvent rappelé dans les textes que le Zen c’est zazen. Dès que vous êtes assis vous êtes à la maison. Vous êtes déjà réalisé.
“Ici et maintenant contient l’éternité, ici et maintenant seul existe.” (Dogen)
Pour conclure
Pour terminer voici une extrait de “Zazen est différent de la méditation: “Comment cette qualité d’être total et un se manifeste-t-elle dans la posture assise de zazen ? Quand le zazen est profondément intégré, le pratiquant ne sent pas que chaque partie de son corps est séparée des autres et qu’elle accomplit indépendamment son travail ici ou là dans le corps. Le pratiquant n’est pas conduit à faire différentes choses en différents lieux du corps en suivant les diverses instructions sur la façon de l’harmoniser. En réalité, il ne fait qu’une seule chose, recherchant continuellement la posture assise correcte avec le corps tout entier.”
Le jardin du bouddha au centre de méditation dhyana-ananda